Blanche Neige et les lance-missiles, de Catherine Dufour

De retour après plusieurs mois de silence, bien occupés par un nouveau travail et Diablo 3 il faut bien le dire. L’occasion d’inaugurer le nouveau système de blog WordPress, merci au passage aux gentils techniciens de fantasy.fr. Et chose promise, chose due, je continue mon parcours de la fantasy française en abordant aujourd’hui un livre de Catherine Dufour, Blanche Neige et les lance-missiles et plus particulièrement le premier tome, Quand les dieux buvaient.

Il s’agit de mon premier roman de Catherine Dufour. J’en avais pas mal entendu causer sur différents forums et quand je suis tombé sur ce bouquin avec ce titre et cette couverture bien pratchettiennes je me suis laissé tenter. Comme on peut s’y attendre, cez bouquin est une revisite du conte de fées, pas seulement Blanche Neige en fait mais un peu tous les contes de fées qui peuplent notre imaginaire collectif. Un melting pot mêlant donc Blanche, pas la bière, Peau d’Âne, la Belle au bois dormant etc A partir de ce constat je ne pense pas qu’il soit très utile de parler de l’histoire, en sachant que ces personnages se bouffent le nez en particulier avec la méchante Reine. A coups de lance-missiles et de vannes bien actuelles.

Il s’agit bien évidemment d’un roman humoristique, jouant à fond la carte de l’absurde, du non-sense comme certains disent, et du décalage entre les images emparfumées de patchouli que l’on a des contes de fées et un traitement tout ce qu’il y a de plus actuel. N’est pas Pratchett qui veut, ais-je beaucoup lu comme commentaires sur ce livre. C’est pas grave, j’apprécie modérément Pratchett finalement. J’en ai lu 2-3, toujours sans déplaisir mais jamais sans atteindre les sommets d’hilarité que l’on m’avait promis. En fait je dirais même que Blanche Neige m’a fait beaucoup penser à l’un des bouquins de Pratchett, pas un Disque Monde mais sa collaboration avec Neil Gaiman, De bons présages. La aussi une oeuvre encensée mais que j’ai eu du mal à apprécier, et pour les mêmes raisons que j’ai eu du mal à apprécier la Blanche.

En ce qui me concerne ça a été une question non pas de qualité, mais de quantité.J’apprécie l’absurde, l’humour anglais, les Monty Python, toussa, mais en l’occurrence dans ces deux bouquins j’en ai eu une indigestion. Il y en a tout le temps, partout. Et du coup ça donne un rythme très très décousu à l’histoire, pour peu qu’il y en ait une car on est tenté de croire que la trame principale n’est que le prétexte à l’assaut de saillies, bombardements de répliques et situations absurdes. Ca se caractérise notamment avec des chapitres très courts, ou plutôt de gros chapitres découpés en une multitude de sous-parties, parfois longues de quelques lignes, enchaînant d’innombrables allers-retours parmi la flopée de personnages. Pour moi c’est dur d’en tirer un fil directeur, évidemment zéro empathie, et au final cette surenchère d’absurdité est très très lourde. Question de sensibilité puisque j’ai eu exactement le même problème avec De bons présages.

Ceci-dit.

Je reconnais à Catherine Dufour une très belle écriture, un style enlevé et fluide. Et puis lire une oeuvre humoristique dans la langue de l’auteur, je me rends compte avec Blanche Neige que ça apporte un plus.

D’autre part, on peut accorder à Dufour un certain talent dans cette confrontation contes de fées/ monde réel. Le thème étant à la mode, le bouquin traite revisite plutôt bien le genre et ce sans surfer sur la vague puisqu’il a été fait avant la vague actuelle des films Blanche Neige, Alice, Once upon a time etc

Voilà, ayant eu beaucoup de mal à finir ce premier tome je n’envisage pas de lire le deuxième. Malgré tout j’ai découvert un auteur (français) intéressant et disposant d’une bonne maîtrise, que j’ai d’ailleurs continué à lire avec le goût de l’immortalité (hélas avec un résultat guère plus positif, mais ceci, mon boudchou, est une autre histoire).

Le roi d’août, de Michel Pagel

Le roi d'août

Ce livre n’est peut-être pas le plus connu et pourtant il gagne à l’être. Je ne me rappelle plus la raison qui me l’a fait acheter, il me semble que pour une lecture sur la plage d’Oléron je cherchais quelque chose, le Leclerc de l’île n’étant pas très fourni j’ai du jeter mon dévolu sur ce livre, en donnant sa chance à un auteur français que je ne connaissais pas mais cette fois-ci sans m’avancer trop avec un one-shot. Et bien m’en as pris.

Le roi d’août est pour moi le parfait bouquin de fantasy historique, si on s’amuse à créer une énième sous-catégorie à ce genre qui n’en manque pas. Il narre la vie et le règne de Philippe II dit Philippe Auguste selon son point de vue, à la croisée entre le 11ème et le 12ème siècle. Philippe Auguste n’est pas forcément le roi le plus connu dans l’imaginaire collectif, mais si on dit qu’il est le roi français contemporain des Plantagênets à savoir Henri II, Richard Coeur de Lion et Jean Sans Terre ça aide mieux à situer. Et à la lecture de ce roman on se dit que le côté frenchie de cette époque ne manque pas de sel. Dans un contexte de royaume français rikiki, le souverain français va être à la lutte avec ses différents vassaux en territoires non seulement françois mais forcément aussi brittons sans oublier les menées des teutons. Un bien beau bordel européen où le territoire français est sujet à convoitises et morcellements mais dont le monarque français va peu à peu consolider son propre territoire. Avec en prime un détour à Jérusalem pour l’une des croisades (haha pas de bol Richard), il y a moultes choses à raconter, comme quoi l’Histoire c’est pas forcément Chiant.

Mais en parrallèle à l’aspect historique, Philippe Auguste est également l’objet d’attentions de la part d’individus moins conventionnels, pour ne pas dire fantastiques. De manière fort naturelle ces interventions rythment tout le règne du roi par des évènements qui ont une importance capitale pour lui, que ce soit sur le plan politique ou émotionnel. Et c’est là la grande force de ce roman pour moi, c’est tout le talent de l’auteur pour entremêler les évènements historiques avec les ingrédients surnaturels dans un tout cohérent, fluide et exemplaire. C’en est à tel point qu’il est très difficile à la lecture de différencier ce qui semble réel, historique de ce qui ne l’est pas, jusqu’à vouloir aller chercher sur wikipedia la mention de tel personnage fantastique tant son intégration est harmonieuse.

Pour ne pas gâcher le tout, je me rappelle d’un style clair, concis, direct que je trouve totalement adapté à l’époque sans pour autant souffrir de lourdeurs archaîques que certains se sentent obligé d’inclure quand ils traitent cette période. Bref, pour un nouvel essai en fantasy française ce fut pour une fois largement positif et même un coup de maître ! Tant mieux, parce qu’à force de taillader des oeuvres dans mes derniers billets ici ça commençait à devenir le Manoir du Mauvais Coucheur. 😉

 

ps : bon sinon c’était sorti en J’ai Lu vers 2005

ps2 : si il y a des connaisseurs, y a t-il d’autres bouquins de Michel Pagel de la même trempe ?

La Moïra, de Henri Loevenbruck

Deuxième oeuvre faisant partie de mon parcours en fantasy française : La Moïra, de Henri Loevenbruck.

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La Moïra. Comment ça se prononce ? La moira, la moillera, la mo-ira ? Après tout on s’en fout, en plus je ne sais même plus à quoi ça correspond dans cette trilogie. Eh oui encore une trilogie dans ce nouvel essai de fantasy française par Henri Loevenbruck. Un essai que je dois à France Loisirs, qui s’est mis il y a une petite d’années à éditer un peu de fantasy en sortant quelques valeurs sures préexistantes en France en grand format. Il y avait notamment du Robin Hobb et financièrement parlant, ça avait ses avantages quand on voulait lire les Aventuriers de la mer sans se cogner tous les tomes grand format proposés par les gentils gens de Pygmalion. Mais je m’égare et revenons en à la Moïra.

Cette trilogie suit les aventures d’une jeune fille de basse extrace dont j’ai oublié le nom mais qui finit probablement en « a ». Celle-ci se verra proposer une quête afin de contrecarrer un antédiluvien méchant et sera aidé en cela par un papy magicien et parfois par une bande de loups. Dit comme ça, ça paraît bâteau et ce n’est pas qu’une impression. Les personnages, les ressorts de l’intrigue, l’univers labourre copieusement les sentiers battus. Dans mon souvenir ce n’est pas trop désagréable à lire, ça passe même assez vite, juste l’impression de ne jamais s’écarter du vu et revu donne une impression de monotonie, un peu comme à bord d’un TGV à pleine vitesse où on s’endort à regarder les monticules de terre et de mauvaise herbe entourant ls voies.

Je n’ai ressenti que peu d’emptahie pour le personnage principal, kitchen girl sans relief. Juste une chose qui m’a agacée à son sujet, c’est son traitement par la Force Invisible. Eh oui notre gamine dispose mystérieusement de pouvoirs mystérieux, occasionnant force passage du genre « Champouina se sentit envahie d’un sentiment étrange, comme une vague de sérénité montant lentement du plus profond de son être, apaisant tous ses doutes et ouvrant les yeux, mue par une force intérieure à la fois nouvelle et très ancienne, elle sut ce qu’elle devait faire ». Oui je sais que cette ficelle Jeanne d’Arc est loin d’être rare en fantasy mais dans ces bouquins son recours systématique m’a barbouillé l’estomac.

Une autre chose qui m’a bien agacée, ce sont les loups. Pour autant, à voir les titres et les couvertures des tomes, c’est limite si on n’aurait pas du appeler ça la trilogie des loups. Leur importance devait être considérable, or il n’en a rien été. La gamine fait des rêves de sa copine la louve, à part ça quelles sont leurs interactions ? Aucune. La place des loups dans l’intrigue ? J’ai cherché. Ah si à un moment donné tous les copains de la louve arrivent en pleine bataille dans un magnifique deus ex machina, voilà, dans le plus pur style des aigles débarquant à la bataille des Cinq Armées. Quel intérêt à avoir foutu des loups dedans alors ? Je ne sais pas vraiment. Les loups, ça fait bien. Une gamine qui rêve d’un loup, c’est mignon, ça fait wiccan peut-être. En tout cas, superflu, c’est l’adjectif qui ne m’a pas quitté tout au long de la lecture.

Donc encore un essai non transformé. J’avoue qu’après la lecture je me sentais un peu berné. C’était plutôt avec des bons echos que j’avais entamé Fetjaine et Loevenbruck, chaque fois achetant d’un coup les trilogies, et chaque fois un os. La fantasy française avait-elle vraiment autant de retard ? Avais-je des goûts de chiottes ? Ou bien encore avais-je développé inconsciemment des préjugés sur les auteurs français ? La suite au prochain épisode !

ps : On trouve la Moïra chez Bragelonne en grand format, chez J’ai Lu en petit et peut-être encore chez France Loisirs.

La trilogie des elfes, de Jean-Louis Fetjaine

trilogie des elfes

Je suis à peu près certain que c’est le premier bouquin de fantasy d’un auteur français que j’ai lu, début des années 2000. A l’époque les couvertures m’avaient intrigué car c’est la première fois que je voyais des Pocket non illustrées par Siudmak. Pes moches d’ailleurs les couvertures mais je garde une certaine tendresse pour Siudmak qui est indissociable des mes débuts en fantasy avec les Pocket dans les années 90.

Une trilogie, donc, avec des Elfes. Un peu comme Tolkien, me suis-je dit. Tiens pas qu’un peu d’ailleurs, au fil de ma lecture. On retrouve des nains, une communauté représentée d’humains, de nains et d’elfes qui partent en quête d’un objet volé dans le premier tome, ladite communauté se faisant exploser à la fin du premier tome. Omagad là c’est plus qu’une inspiration, c’est du pompage en règle. Bon ben voilà, je n’ai vraiment pas aimé dès le premier tome mais ayant acheté toute la trilogie je me suis forcé à la finir. Je crois bien que c’est la première fois que je me suis forcé à finir un bouquin. Dans mon souvenir un peu vague, le style ne cassait pas trois pattes à un canard, l’amour tragique entre la reine elfe et son minet humain sentait bien le capillotracté. Mais ce qui m’a vraiment agacé à l’époque c’est cette impression de vouloir bouffer à tous les râteliers, de mettre des trucs branchouilles à la mode du moment dans un mélange complètement indigeste. Mélanger du Tolkien copie carbone avec du mythe arthurien tout ça mâtiné d’un celtisme exacerbé était soit très ambitieux, soit très putassier. Ma virulence provient certainement qu’à l’époque c’était la grande période revival celtique avec Manau-dans-la-vallée, je tournais la manivelle lalalala, festival et albums celticobretons à tour de bras, resorties du placard d’Alan Stivell, Dan ar braz et cie, kikoo Brocéliande (le nom d’un autre bouquin de Fetjaine, pas un hasard), bref à l’époque c’était sans commune mesure avec Nolwenn aujourd’hui et j’étais totalement saturé du « celtique ». Alors le retrouver dans un bouquin de fantasy parmi d’aurtes ingrédients injectés artificiellement, j’en ai éprouvé un très fort rejet.

Je sais que par ailleurs ces bouquins sont appréciés par pas mal de gens, peut-être pour les mêmes raisons qui font que je les abhorre, mais je suis désolé, si je devais faire un top de mes pires lectures, cette trilogie tient la corde pour décrocher le podium. Héhé, moi et la fantasy fr, ça commençait mal.

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ps : On trouve la trilogie des Elfes chez Pocket, peut-être ailleurs en grand format.

La fantasy française et moi

Tiens j’avais envie de faire un article pas uniquement dédié à une oeuvre mais plus transverse. Alors je vais traiter de mes essais de lecture de fantasy française (francophone). C’est si intéressant que ça ? Pas forcément mais au moins elles ne sont pas nombreuses et peut-être pourron t-on en tirer quelques conlusions sur une évolution de cet aspect au cours des quinze dernières années. Ou pas. Voici donc les bouquins que j’aborderais, à chaque fois assez rapidement :

L’ordre correspondant à l’ordre où je les ai lus.

Fils des brumes

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Eh non ce blog n’est pas mort-né, comme tous précédents. Quelques mois plus tard voici venir un petit sujet sur un bouquin en guise de perfusion. En l’occurence je vais aborder des lectures récentes qui sont les deux premiers tomes d’une trilogie de Brandon Sanderson. Mais qui est ce Brandon Sanderson ? Moi qui n’ai pas trop suivi ce qui s’est fait de nouveau en fantasy ces dix dernières années, le nom de Sanderson, rien à voir avec la BO de la Boum, m’est souvent revenu comme parmi les plus cités.  Deux choses sur son compte ressortaient souvent. Premièrement il a été désigné pour terminer la saga de la Roue du Temps laissée en friche par le départ de Robert Jordan, on a beau penser ce qu’on veut de ce cycle, l’importance de celui-ci témoigne d’un certain crédit porté à ce jeune auteur. D’autre part il semble souffrir d’une super-activité aigue, un peu le genre de type à s’enquiller deux trilogies dans la même année en en commençant deux autres.

Bref, j’ai commencé à lire du Sanderson. A commencer par Elantris, ce qui fait plus ou moins figure si j’ai bien compris de premier roman. J’en parlerais peut-être dans un premier billet, pour résumer la lecture je dirais que l’on sent dans ce roman un bon potentiel de bâtisseur d’univers et aussi justement un côté « premier roman ».

Deuxième lecture donc avec Fils des brumes, premier tome d’une trilogie dans un univers différent que Sanderson semble vouloir beaucoup développer. Le pitch c’est une ville mégalopolesque concentrant le pouvoir d’un monde dirigé de main de fer par un tyran. Un tyran censé avoir sauvé le monde il y a une paire de millénaires et qui aurait franchement viré droitier depuis, construisant son autocratie autour d’une noblesse découpée en maisons et d’un régiment de religieux tendance SS. Le reste de la population, absolument le reste constitue une caste d’esclaves. Vous avez bien deviné, tout l’objet du roman tourne autour d’une rébellion.

Rien de franchement nouveau donc, si ce n’est quand on en vient au système de magie existant. En effet un certain nombre de nobles dispose du pouvoir d' »allomancie ». L’allomancie, c’est quoi ? Il s’agit d’avaler un peu de métal et selon le métal consommé on peut utiliser un pouvoir particulier lié au type de métal. Par exemple l’acier permet de pousser du métal à distance, le fer de l’attirer à soi, ou alors c’est l’inverse peu importe. Il y a un nombre limité de pouvoirs qui s’organisent par des couples plus ou moins basés sur l’attraction / répulsion. La plupart du temps on ne peut utiliser qu’un seul métal. Par contre quand un gugusse peut utiliser tous les métaux alors là c’est une sorte de big boss, et on appelle ça un Fils des brumes. Il y a aussi des métaux plus précieux, dont l’un très rare permet de passer en mode bullet time. Ce métal tient d’ailleurs place d’enjeu pour les différents protagnistes.

L’intrigue nous fait donc suivre une bande de rebelles s’apprêtant à renverser le gros méchant. Ils sont pour la plupart des sang-mêlés de nobles et sont presque tous dotés du don d’allomancie avec deux Fils des brumes. Le premier est Kelsier, le chef de la rebellion et l’autre s’appelle Vin, une jeune voleuse méfiante intégrant la bande au début du roman. Ensemble ils vont vivre de grandes aventures…

J’arrête la pour la présentation, passons à ce que j’ai pensé du roman. Les promesses d’Elantris sont assez bien confirmées, je trouve que le style de Sanderson s’est bien renforcé. C’est assez fluide, sans être simpliste, ça s’enchaîne assez bien. Pas mal d’introspection dans les personnages, on ne crache pas dessus. Sur la forme donc c’est plutôt pas mal. Sur le fond, malgré des aspects très classiques, l’univers est intéressant avec de gros points forts. Le système de magie en particulier, Sanderson a un talent certain pour développer un système inédit, riche et cohérent… et bien exploité. Les combats entre allomanciens sont des passages longuement décrits, très cinématographiques, on imagine très bien des mouvements virevoltants à la Tigre et dragon, des machins partant dans tous les sens sauce Magnéto, bref c’est bien plaisant.

Après mûre réflexion je suis un peu plus réservé sur le reste. A part Vin et Kelsier j’ai trouvé les personnages secondaires un peu creux, pas très travaillés. Qui sont-ils, d’où viennents-ils, etc au final j’ai ressenti très peu d’empathie pour eux. Ce qui est étrange pourtant c’est que Sanderson ne ménage pas ces efforts pour nous offrir des scènes où ils sont tous présents, à babiller, à se lancer des vannes pour bien nous montrer que la petite Vin et nous-même par conséquent avons débarqué au sein d’une belle bande de potes balèzes, dans le Scooby gang type Buffy. C’était déjà le cas dans Elantris où la aussi une bande de séditieux se retrouvait à causer coups de putes à table. Cet aspect là m’a fortement rappelé les bandes de héros de Eddings, grosbills et goguenards. Il me semble d’aileurs avoir lu que Sanderson apprécie Eddings et je trouve que cela se voie, à la fois dans ses relations entre ses personnages, l’humour y étant beaucoup présent et dans son soin à construire un univers bâti pile par pile et cohérent. Malheureusement dans mon cas la sauce n’a pas vraiment pris, peut-être y avait-il là un goût trop artificiel pour complètement entrer dans la bande.

Cela nous mène au deuxième point que j’ai moins apprécié dans le roman, à savoir sa partie centrale ou plutôt le déséquilibre entre celui-ci et la partie finale. Alors que le gros roman est assez statique, avec des positions qui n’évoluent que peu, le final est comme pour Elantris un véritable feu d’artifice. Un peu comme si on matait pendant deux heures l’assemblée nationale et que tout d’un coup Jack Bauer apparaît tout en sang, matraque Bernarc Accoyer en lui postillonant « where’s the bomb ? » et que deux secondes plus tard une explosion retentit. Ce n’est pas tant l’aspect spectaculaire du final, ma foi plutôt bien rendu avec son lot de rebondissements, qui me châgrine. Mais bien d’avoir eu à me taper 500 pages de mecs qui tapent le bout de gras au coin d’une cheminée sans que ça n’ait beaucoup d’importance sur la tournure des évènements finaux.

En fait la lecture de ce roman me fait apparaître des impressions assez paradoxales. On passe beaucoup de temps avec les personnages, pourtant je n’ai pas le sentiment de bien les connaître. Même chose pour l’univers, alors que le système de magie bénéficie de traitements très travaillés et que le monde construit repose sur des bases spécifiques, je n’ai pas réellement l’impression de bien connaître la société et la ville décor. Je ne vois pas bien comment s’articulent les segments de la société, quelles sont les relations qui les lient, quelle est l’économie du monde décrit. Il y a une foule d’esclaves qui bossent pour des nobles qui se tirent dans les pattes à des bals sous la houlette du Big Guy, ok, ça a l’air de marcher mais je n’en connais pas beaucoup plus, comme une impression de décor théatral. En contrepartie ce côté carton pâte, assez artificiel, contribue sans doute à l’aspect mystérieux et intriguant de l’univers : qui est le Maître ? qu’a t-il fait il y a des Millénaires ? que sont les Inquisiteurs ? etc Sanderon en garde manifestement pas mal sous la pédale.

Ce que je dis peut paraître assez dur mais la lecture de l’ensemble est quand même restée assez agréable. Malgré les disparités de rythme et de profondeur que je peux reprocher, Sanderson sait installer une tension et un mystère qui vont crescendo et aboutissent à un final holywoodien qui ne déçoit pas sur ce côté la. Le premier livre peut aisément se suffire à lui-même, mais on veut en savoir plus, n’est-ce pas ? La suite, Le puits de l’ascencion, dans un prochain billet donc.

ps : C’est disponible en grand format chez Orbit, en d’autres formats je ne sais pas.

Dresden files

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Dresde. Qu’est-ce que peut bien m’évoquer Dresde ? Une ville rasée sous les bombardements alliés durant la WW2, le groupe Dresden Dolls et son délicieux titre Coin operated boys, pfiut pas grand chose d’autre. Ca tombe bien parce que Dresden files, les dossiers Dresden en français, n’ont pour ainsi dire rien à voir avec Dresde.

Dresden c’est le nom du personnage principal de ces bouquins. Harry Cobblestone Copperfield Dresden pour être exact. Comme son nom peut nous le laisser deviner, Harry, c’est un magicien. Et Harry c’est un détective. Voilà qui résume assez bien la teneur de ces bouquins.

Des enquêtes paranormales dans un monde contemporain donc, à Chicago en fait. Ce magicien aide régulièrement la police de Chicago à résoudre des enquêtes spéciales, que même l’Agence tous risques n’a pu régler. Vampires, démons, loups-garous, fantômes, mafieux, la panoplie classique y passe. Rien de bien nouveau à l’horizon, peut-on se dire. Ce n’est pas faux, et pourtant ces bouquins se lisent, se dévorent à une vitesse ! J’imagine que c’est typique du policier. Je n’en lis quasiment jamais mais j’ai bien l’impression d’en retrouver les codes. Le quotidien décrit minute par minute du détective, une enquête tenant maximum en trois jours qui se complexifie très rapidement jusqu’à atteindre le point Godwin, point de départ au climax final dénouant tous les écheveaux de l’affaire dans une orgie de pyrotechnie très télégénique.

 

C’est efficace quoi. Le personnage d’Harry et son point de vue à la première personne y contribue largement. L’humour, forcément. Harry il a toujours une petite blagounette, la réplique à contrepied toute whedonienne. Je note avec amusement la francisation de quelques éléments et références, telle une mention de Dorcel. Ca passe bizarrement dans le décor de Chicago. En parlant de Chicago, la ville a une assez bonne importance et les enquêtes y sont largement cantonnées. Description des quartiers de la ville, des environs, contexte historique alcaponien, l’hopital du Cook County (on n’y a pas encore croisé John Carter ou Marc Greene dommage !)… ça doit suffire à certains pour poser l’étiquette urban fantasy aux bouquins. Why not.

Donc ok pour le côté polar mais pour le côté magique ? Eh bien du classique. En fait vraiment du classique, à tel point que ça ressemble à un net parti pris de l’auteur. Ici donc assez peu de theorycraft sur des systèmes magiques compliqués, pas de revisitations prétentieuses de vieux mythes, point d’innovation à tout prix. Les magiciens se promènent en robe et bâton, les démons s’invoquent par leurs noms, les fées sortent pour la plupart de Disney ou de Shakespeare, les vampires sont décadents à souhait, bref on a de tout et on ne va pas crier à l’invention miraculeuse.

Mais la mayonnaise prend bien. Ce mélange old school magic et univers contemporain est finalement assez truculent, entre les fées clochettes qui marchandent de la pizza, les gros trolls armés de mitraillettes et marraine la fée en mode ultrabitch. Côté cul il y a ce qu’il faut. Ce diable fauché d’Harry sait s’entourer, les amourettes sont présentes sans être omniprésentes. Un petit côté bitt-litt, alors. Probablement, si ce n’est que là où j’avais trouvé Anita Blake franchement bof, je trouve les Dresden files bien meilleurs au niveau du rythme et l’humour, et plus accrocheurs dans le traitement magie/monde réel.

Voilà, pour les informations ça se trouve chez Bragelonne et Milady.